Dans les années 1830, Senneville a été le théâtre d’événements religieux étonnants, marqués par un conflit entre les habitants de Senneville et l’abbé Glochon, curé de Guerville. La raison exacte de ce différend demeure inconnue. La monographie communale indique cependant que le curé de la commune refusa d’entrer des morts en 1835, une décision qui aurait déclenché le conflit. Une autre source mentionne qu’il exigea une redevance spéciale pour dire la messe à Senneville.
En signe de contestation, la majorité des habitants de Senneville a adhéré à un nouveau mouvement schismatique connu sous le nom d’« Eglise catholique française » (aussi appelée « Eglise évangélique française »), fondé après la révolution de 1830 par l’abbé Ferdinand. François Châtel et un de ses suiveurs, l’abbé Auzou, et dissoute en 1843. Ce mouvement réformiste plaidait pour la réforme du catholicisme romain sans renversement total, mettant l’accent sur la contestation de l’autorité papale et l’utilisation du français dans les cérémonies, reflétant également des idées proches de certaines formes de pensées libérales et sociales de l’époque.
Les habitants de Senneville sollicitent l’intervention du député Odilon Barron pour mettre fin aux maux causés par la conduite des prêtres catholiques romains. Ils demandèrent un desservant qui célèbrerait selon le rite évangélique français et réclamèrent la séparation de Senneville et Guerville, l’érection du hameau en commune et celle de la chapelle Saint-Jean en paroisse. En 1836, leur demande fut rejetée, mais ils persistèrent en s’adressant à l’abbé Heurtault, curé de l’église évangélique française de Boulogne, pour l’envoi d’un prêtre français à Senneville. Les deux premiers furent les abbés Marandel et Laverdet.
Face à l’exiguïté de la chapelle, les habitants décidèrent de construire un nouveau temple. Cet édifice simple, sur plan rectangulaire, muni d’une entrée en pignon surmontée d’un petit clocher, fut établi en environ un mois.
N’étant pas reconnu comme une religion au niveau national, l’Église catholique française a conclu d’une tolérance locale pendant un certain temps. Cependant, l’envoi d’un nouvel abbé en 1837 a attiré l’attention du Préfet, entraînant une perturbation du culte de Senneville par les autorités municipales. Suite à un procès rétentant au cours duquel M. Barrot prit la parole à Mantes, l’abbé Laverdet fut accusé du port illégal de costume et de prosélytisme, entraînant la fermeture du temple de Senneville par le maire sous l’inculpation d’association illicite . Ainsi, les prêtres français furent contraints de quitter la commune.
Malgré cela, les habitants du hameau ne se hâtèrent pas de rétablir les relations avec l’église catholique, et de nombreux habitants se tournèrent vers le protestantisme. Cette nouvelle scission divise la population entre ceux qui reviennent au catholicisme et ceux qui adoptent la religion protestante. Les tensions religieuses perdurèrent au sein de la commune, comme en atteste l’intervention militaire qui eu lieu lors de la fête de la Saint-Jean en 1840. Le Temple, désormais protestant, rouvrit en 1842 et une école protestante fut créée en 1843.
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